Depuis notre dernier entretien, il y a quelques années, le line-up du groupe a légèrement changé puisque El Professor a laissé sa place derrière les fûts. Quel est le nouveau batteur qui vous a rejoint ?
Greenbullet : Effectivement, tu n’es pas sans savoir qu’El Professor a pris une, bien méritée, « retraite musicale » cette année. Nous avons donc été confrontés à une décision, continuer ou arrêter le groupe. Avec Toma (basse) et Jecker (guitare) nous avons décidé de poursuivre notre aventure.
La deuxième étape a été de recruter un nouveau batteur. L’enjeu était important, un vrai challenge pour nous tous, trouver la perle rare…
Il nous fallait quelque un qui soit capable d’intégrer rapidement notre univers, qui ait un vrai jeu Rock’n’roll, mais aussi qui puisse apporter quelque chose de nouveau au groupe…
Nous avons auditionné une quinzaine de batteurs et quand Mister Bee s’est présenté à nous la décision s’est prise très rapidement. Il correspondait parfaitement au profil que nous cherchions et ça va maintenant faire quatre mois qu’il est avec nous. Tu t’en rendras compte, par toi-même, ce soir mais je crois que nous avons fait le bon choix.
Votre dernier album en date, « No Covers », ne contient aucune reprise comme son nom l’indique. De là à dire qu’il s’agit de votre album le plus personnel il n’y a qu’un pas. Peux-tu m’en parler davantage ?
Greenbullet : « No Covers » c’est la maturation de quatre ans de compositions. L’idée était, pour une fois, de ne pas reproduire ce que font généralement les groupes de Pub-Rock. A savoir s’accaparer des titres de Blues, de Rythm and Blues et de Rock’n’roll et les retraiter d’une manière plus « électrique ».
Nous avions des choses à dire, à exprimer…
Il en résulte un concentré de quatre musiciens qui possèdent des univers différents et, si le son reste fidèle au Rock’n’roll, au Blues, au Rythm and Blues et au Garage, nous parvenons à dégager une véritable personnalité à travers ce disque. Cette dernière représente vraiment ce que nous étions au moment de l’enregistrement.
Justement, quels sont les sujets que vous abordez dans l’album ?
Greenbullet : Il faudrait que tu puisses demander cela à Alexx du groupe Alexx & Moonshiners ( www.moonshiners.com ) qui est une bonne copine et que nous avons sollicitée afin qu’elle nous écrive des textes. Ces derniers reprennent des thématiques traditionnelles; rapports hommes-femmes, le « speed » de la vie quotidienne etc…
Il n’y a pas de message spécifique, ce sont des textes anglais qui tiennent la route et qui sont bien écrits. Si ce ne sont pas des propos philosophiques, je ne chante pas de grosses conneries…
On retrouve quelques uns de vos amis, de la scène Blues-Rock française, sur cet album. Peux-tu évoquer ces différents intervenants ?
Greenbullet : J’ai déjà cité Alexx & Moonshiners que nous croisons régulièrement, sur scène, depuis trois ans. Nous rejouerons avec eux en janvier lors d’un concert qui célèbrera nos dix ans d’existence (le 23 janvier 2010 à la salle Paul Baillart de Massy dans le 91, Nda).
Il y a une autre personne que tu connais bien, à savoir Bannish, le chanteur du groupe Blues Power Band (www.bluespower-band.com ). Encore un autre chanteur que tu connais bien, Lord Tracy des Jesus Volt (www.jesusvolt.com ), avec lui aussi notre amitié remonte à loin. Pour anecdote Toma, notre bassiste, l’a accompagné il y a une quinzaine d’années. Nous avons, aussi, invité l’harmoniciste Pascal « Baco » Mikaelian (www.myspace.com/pascalmikaelian) qui joue, habituellement, avec Patrick Verbeke. Sur ce disque il a, aussi, pris beaucoup de plaisir à jouer de l’accordéon sur deux titres. Il y a également French Kiss, un groupe que nous avons découvert via myspace (www.myspace.com/frenchkiss78 ). Leur chanteuse, Tiphaine, n’a que 18 ans et possède une voix à la Janis Joplin. Elle fait preuve d’une grande maturité et nous a mis une grande claque…
Il y a vraiment une très jolie cohésion entre beaucoup de groupes issus de cette scène musicale en France. On pourrait presque parler de « famille »…
Greenbullet : Nous sommes de la famille des « canards boiteux » …
J’aime bien cette famille là. Nous ne sommes ni Blues, ni Rock’n’roll, ni Rythm and Blues mais nous sommes un peu tout cela à la fois…
Que ce soit Jesus Volt, Blues Power Band ou Alex Moonshiners, nous nous amusons tous à sortir du Blues traditionnel afin de faire exploser les barrières musicales, les clichés et les chapelles…
Nous nous foutons de tout cela et avons en commun le fait de vouloir jouer, prendre et donner du plaisir, faire la fête. Ce dernier point est vraiment le dénominateur commun de tous ces groupes. Du coup nous échangeons des « plans », on s’invite à droite et à gauche et nous nous retrouvons souvent sur la route. Notre famille va dans ce sens, nous ne nous sentons pas faire partie de la « famille » Blues, pas du tout !
Le mix de l'album a été confié à un ingénieur du son très réputé, un londonien qui a travaillé avec de nombreux groupes. Peux-tu me présenter cette personne ?
Greenbullet : L'enjeu, pour nous, était le suivant : nous voulions faire un disque qui sonne...
Il est possible de faire des prises n'importe où avec des gens compétents, la France en regorge. D'ailleurs, dans notre équipe, il y a un gars que nous considérons comme notre 5ème membre. Il s'agit d’Eric « Stood Rickman » qui est l'ingénieur du son qui a participé à tous nos albums. Pour faire “sonner” un album, celui qui fait la différence est le réalisateur. Pour savoir avec qui nous voulions travailler, nous avons sorti nos disques préférés et avons regardé sur les dos des pochettes qui en étaient les réalisateurs. Nous avons, donc, contacté une dizaine de gars par le biais d'Internet. Certains ont répondu, d'autres non...
Dans le lot il y avait aussi certaines de ces personnes qui n'étaient pas disponibles ou trop chères...
Au final nous avons retenu Pat Collier qui était, à l'origine, le premier bassiste des Vibrators un groupe de punk anglais mythique. Par la suite il a réalisé des milliers d'albums dont des disques d'artistes que nous aimons beaucoup : The Inmates, Little Bob qui nous avait confirmé que nous faisions le bon choix, Katrina And the Waves etc...
C'est un mec qui a une oreille et qui a, immédiatement, compris ce que nous voulions faire. Le mix s'est fait en 5 jours et, aujourd'hui, je l'affirme haut et fort : c'est un disque qui “sonne” !
Il est très Rock'n'roll avec une belle dynamique basse-batterie et des guitares bien acérées.
Nous sommes très contents de ce disque !
Avez-vous assisté au travail de Pat Collier ou cela s'est-il fait à distance ?
Greenbullet : Nous lui avons envoyé les bandes, il a travaillé seul dessus pendant deux jours puis, avec Toma, nous l'avons rejoint en Angleterre pendant trois jours. Il s'agit d'une co-réalisation artistique...
Est-ce quelqu'un qui vous a donné des contacts sur Londres. Avez-vous pu rencontrer d'autres musiciens ?
Greenbullet : Non, pas du tout...
Nous n'avons pas eu le temps entre les mixes, les bières, les repas indiens et pakistanais etc... (rires) !
Ce n'était pas le propos, il n'était pas là pour ça et nous non plus. De plus c'est quelqu'un qui reste assez discret et qui ne va pas s'épancher sur d'autres sujets. Il était là pour notre album et restait concentré, dix heures par jour, sur le mix. Après il rentrait chez lui jusqu'au lendemain matin.
Je voulais évoquer un autre aspect artistique de vos albums, qui sont vos pochettes. Depuis vos débuts vous avez toujours apporté un soin particulier à ce domaine. Pourquoi avoir choisi le thème du train pour ce disque ?
Greenbullet : Le train dans lequel nous sommes montés et celui qui nous permet de voyager à travers diverses influences sur cet album. Nous avons mis tous nos bagages dans ce train et, maintenant, il nous permet de jouer un peu partout en Europe.
Jecker : C'est aussi le train des banlieusards parisiens que nous sommes. Nous avons répété à Ivry sur Seine, à côté d'une gare de triage, pendant 5 ou 6 ans. C'est là que nous avons fait les photos, c'est un peu notre univers. Le banlieusard qui prend le train...
La couleur rouge se démarque aussi beaucoup dans votre concept artistique... Est-ce une couleur qui a un sens particulier pour vous ?
Greenbullet : Oui et non...
Il n'y a pas de revendications spéciales. Parfois on nous demande si nous sommes communistes mais ce n'est pas le cas. C'est une couleur qui “flashe” et qu'utilise beaucoup notre graphiste Dom S-D (www.domsd.com ). Elle fait partie de notre univers...
Toma : En tout cas le rouge est une couleur porteuse d'un symbole fort. Sans parler de l'aspect révolutionnaire ou contestataire, c'est une couleur qui fait bouger les choses. Je ne sais pas si notre musique fait bouger les choses mais, en tout cas, l'énergie que nous mettons dedans y contribue !
Puisque nous parlions d'univers ferroviaire on peut dire, qu'indirectement, c'est ce train qui vous a conduit jusqu'au Japon pour une tournée. Comment cela s'est-il fait ?
Greenbullet : Nous avons un outil, à la maison, qui s'appelle Internet. Ce dernier nous a permis de rentrer en contact avec un label après que nous ayons envoyé des e-mails un peu partout dans le monde. Ce label se nomme Sazanami est se situe dans un univers très 60's. Il avait déjà édité 3 compilations avec des groupes essentiellement japonais. Il a été d'accord pour mettre l'un de nos titres sur la compilation suivante, ça le faisait délirer d'avoir un groupe français...
D'ailleurs sur la pochette de ce disque il y a une Tour Eiffel, je pense que nous avons une part de responsabilité...
Par la suite il a été d'accord pour nous faire venir au Japon, à condition que nous payions nous-mêmes nos billets d'avion. C'est ce que nous avons fait et il s'est arrangé avec le promoteur d'une salle pour nous organiser des gigs là-bas.
Cela s'est fait très simplement. Il n'y a pas de miracle, sans Internet nous ne serions jamais allés au Japon...
La réputation de “pays Rock” que l'on donne au Japon est-elle justifiée ?
Greenbullet : C'est un public qui apprécie cette musique. Dans notre style musical, ils vénèrent tous Dr Feelgood et surtout Wilko Johnson qui est une icône pour eux. Beaucoup plus qu'en France et même en Angleterre...
C'est, aussi, le pays de l'excellence, rien n'y est fait au hasard. C'est extrêmement pointu et précis, du look au son, en passant par la gestuelle...
C'est un public Rock'n'roll par définition !
Le fait d'être des occidentaux a-t-il suscité un intérêt supplémentaire de la part du public nippon ?
Greenbullet : Au même titre que si un groupe japonais venais ce soir au Caf' Conc' d'Ensisheim et invitait des groupes français à jouer avec eux. Je pense qu'il y avait une curiosité qui n'était pas malsaine. Les gens voulaient rencontrer une autre culture et passer du bon temps. Nous avons pris tous les concerts de cette manière. Les gens du public qui venaient, à l'origine, pour voir d'autres groupes restaient quand c'était à notre tour de monter sur scène. On nous a pris pour ce qu'on est... un groupe de « frenchies » qui aiment faire la fête.
Aujourd'hui avez-vous d'autres pays dans votre « ligne de mire » ?
Greenbullet : Nous avons une multitude de pays en vue. Il y a un “vieux projet”, c'est aller jouer à New-York...
Je pense que cela se fera en 2010 ou 2011... Nous irons faire nos 5 gigs là-bas !
Avec Toma c'est un rêve qui commence à dater et les autres membres du groupe sont prêts à vivre cette aventure. Nous irons, aussi, probablement faire un tour en Scandinavie où nous commençons à avoir des connections. Nous sommes dans ce groupe pour la musique mais c'est aussi, pour nous, une excuse afin de pouvoir voyager à travers l'Europe et le monde. Nous essayerons d'aller là où les autres ne sont pas encore allés, à commencer par la Finlande...
En ce qui concerne la France, quels sont vos projets de concerts et Festivals ?
Greenbullet : Il y a plusieurs Festivals à venir en 2010 : “Bain de Blues” en Bretagne, le “Festival de Vicq” dans le Nord etc...
Il s'agit de Festivals “en devenir”, des manifestations à taille humaine portés par des mouvements associatifs. Ce sont des Festivals “ouverts” qui se foutent de savoir si nous sommes complètement Blues ou si nous faisons un peu de Rock. Ils aiment, avant tout, l'énergie que nous produisons sur scène et notre contact avec le public. Nous avons d'autres concerts à venir, tant en France qu'au Benelux.
Notre projet principal, à mettre en place, est notre quatrième album. Maintenant que Mister Bee est à niveau et qu'il connaît les 50 titres que nous interprétons régulièrement, tout en les jouant avec brio, nous pouvons passer à la deuxième étape. Je veux parler de l'écriture de chansons. Certaines ont déjà été élaborées avec El Professor. Nous avons plein d'autres idées...
Y-a-t-il une orientation musicale précise que vous souhaitez donner à ce disque ?
Grenbullet : Je ne sais pas encore, c'est l'avenir qui le dira...
Nous ferons quelque chose de nouveau...
Cependant nous ne ferons pas de Métal ou de Jazz sous prétexte que nous n'en avons jamais fait, c'est clair !
L'apport de Mister Bee va nous emmener vers d'autres choses et les trois autres membres du groupe ont, aussi, des envies différentes. Notre musique restera un mélange de ce que l'on sait faire le mieux mais avec d'autres couleurs.
Avez-vous une conclusion à ajouter ?
Greenbullet : C'est notre premier passage en Alsace, nous étions hier à Haguenau où nous avons passé du bon temps. Nous y avons bien mangé, bien bu et rencontré des gens super sympas...
Ici, à Ensisheim, c'est la même chose... Nous sommes logés dans une espèce de “Palace”, près d'une prison certes mais l'hôtel est vraiment renversant... Si seulement, cela pourrait être comme ça tous les soirs...
Une première rencontre avec l'Alsace qui donne envie d'y revenir. Puis on se voit tellement peu souvent tous les deux, la dernière fois c'était il y a trois ans...
David, prenons dorénavant l'engagement de nous voir, au mois, une fois par an !
www.shaggy-dogs.com
www.myspace.com/shaggydogs
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